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jovifrench

Bob Rock: Maître du son

2 Avril 2007, 11:07am

Publié par Nadinejovi

Le vendredi 30 mars 2007
 
Bob Rock a connu un parcours professionnel sans tache.
 
Maître du son
  
Kathleen Lavoie
  
Le Soleil
  
Avec un nom comme le sien, Robert Jens Rock, alias Bob Rock, semblait prédestiné à écrire une page de l’histoire du rock’n’roll. Habilleur sonore d’albums mythiques, collaborateur de formations légendaires, le Winnipegois d’origine a contribué à définir le son du rock d’aujourd’hui. Ce faisant, il a tracé son chemin jusqu’au Temple de la renommée de la musique canadienne, où il fera son entrée dimanche, à Saskatoon, lors du gala des Juno.
  
De ses débuts comme musicien dans les années 70, à titre de guitariste des Payolas et du projet parallèle Rock & Hyde, à ses activités actuelles à titre de réalisateur, en passant par ses premières expériences derrière la console à titre d’ingénieur, Bob Rock a connu un parcours professionnel sans tache.
  
Au nombre de ses réussites, des albums inoubliables comme les Slippery When Wet de Bon Jovi (1986), Permanent Vacation d’Aerosmith (1987), Dr. Feelgood de Mötley Crüe (1989) et Metallica, dit « l’album noir » de Metallica (1991) côtoient des projets plus modestes, mais tout aussi importants à ses yeux, comme les créations de formations canadiennes telles que Our Lady Peace (Gravity, 2002), Simple Plan (Still Not Getting Any..., 2004) ou The Tragically Hip (World Container, 2006).
  
Au moment d’être honoré par ses pairs, le réalisateur de 52 ans se montre humble devant une feuille de route pourtant spectaculaire. « Je suis très surpris par cet honneur, a-t-il confié au Soleil de sa résidence de Maui. Je vais rejoindre tous mes héros, comme Bob Ezrin, Daniel Lanois, Jack Richardson et David Foster, au Panthéon. De me retrouver parmi eux, de savoir qu’on me place dans la même catégorie, c’est énorme pour moi. Parce qu’encore aujourd’hui, ils sont des modèles à mes yeux. »
  
La recette de son succès, Bob Rock l’attribue à sa passion du son, qui ne se dément pas 30 ans plus tard. « J’aime ça plus que tout, créer de toutes pièces un album, de la musique, qui se retrouvera à la radio. Et puis, ce ne sont pas nécessairement les grandes choses qui m’intéressent. J’aime m’attarder aux petits détails. Essayer de trouver pourquoi un son sera plus efficace qu’un autre. C’est cette passion qui m’a fait délaisser la musique, à laquelle je continue néanmoins de me consacrer par plaisir, pour la réalisation. »
  
À ce jour, la pièce-maîtresse de sa discographie demeure l’album noir de Metallica, qui, s’il n’a pas fait l’unanimité au sein des fans de la formation, demeure son disque le plus populaire. Il en va de même de la plus récente production du groupe, St. Anger (2003), où il est parvenu, à un moment difficile de la carrière des Californiens, à mener le travail à terme.
  
« À cette époque, mon rôle était davantage celui d’un ami que d’un réalisateur. Le groupe était fragmenté, sur le point de s’effondrer et j’avais le sentiment qu’il fallait que je sois là d’abord et avant tout pour les musiciens. Et puis, il fallait faire un album ! J’admets que ce n’est peut-être pas le meilleur disque de Metallica, mais pour moi, c’est un succès ne serait-ce que parce qu’il a été terminé et qu’il permet au groupe de poursuivre sa route. Et il y a eu l’album noir, qui est hors catégorie, en raison de sa grande valeur artistique... »
  
Profitant d’une renommée qu’il n’a pas volée, Bob Rock s’est surtout consacré, au cours des dernières années, à la scène musicale canadienne, qu’il souhaite désormais faire bénéficier de son expertise.
  
« Je sens le besoin de me reconnecter au Canada. Et il n’y a pas meilleur moyen de le faire qu’en travaillant avec des artistes canadiens. Le temps que j’ai passé à travailler sur l’album de Simple Plan à Montréal m’a remis en contact avec mes racines. Comme Winnipeg, Montréal est une ville où il y a une forte concentration de francophones et j’avais l’impression d’être chez moi. »
  
Quant au quintette montréalais, il en garde un excellent souvenir. Si bien qu’il se fera un plaisir de renouer avec lui pour la création de son troisième album.
  
« Je suis un artiste qui se cache sous les traits d’un réalisateur. Mon intérêt premier est toujours d’aider l’artiste à atteindre son but. Avec Simple Plan, on voulait créer un album amusant et je pense que nous y sommes parvenus. Si je suis chanceux, je pourrai bientôt retravailler avec ces gars-là... Ils me rappellent beaucoup le Bon Jovi des débuts... »
  
Un réalisateur anti-stress, selon Simple Plan
  
Seulement une poignée de musiciens peut se vanter d’avoir collaboré de près avec le réalisateur canadien Bob Rock. Parmi ceux-ci, les cinq membres de Simple Plan, dont il signait l’album Still Not Getting Any... (2004), gardent le souvenir d’un homme aussi relaxe que de bon conseil.
  
Lorsque Simple Plan entrait en studio à l’été 2004, le groupe de Pierre Bouvier avait pour objectif de réduire l’écart qui existait entre sa musique enregistrée et ses prestations scéniques.
  
« On avait une bonne idée de ce qu’on voulait faire, mais on avait de la misère à l’appliquer. Ce n’était pas mauvais, mais c’était autre chose. Disons qu’il a réussi à capturer l’énergie du groupe », explique au Soleil le batteur Chuck Comeau.
  
Pour ce faire, les Montréalais ont décidé de cogner à la porte de celui dont le nom est devenu synonyme d’« albums percutants » au fil des ans.
  
« On lançait plein de noms en l’air. Quand on a prononcé le sien, c’était le premier sur lequel on s’entendait tous. Sans rien enlever au réalisateur de notre premier album (Arnold Lanni), déjà à l’époque, on écoutait American Hi-Fi (l’éponyme de 2001) et on se disait qu’on aimerait sonner comme ça. On s’est dit que la meilleure façon de sonner comme Bob Rock, c’était de faire appel à Bob Rock ! » de relater pour sa part le bassiste David Desrosiers.
  
Au-delà de son talent, ce dernier a apprécié le calme de l’homme, son écoute et son sens du discernement.
  
« Je pense qu’il a tout de suite compris où on voulait s’en aller. Être plus puissant, moins poli. Sur le premier album, on essayait d’être trop parfait. Ça sonnait trop stérile. On voulait plus de vie. Il nous a fait faire des affaires qu’on n’avait jamais faites. Comme les percussions, les shakers et les tambourines », continue-t-il.
  
Le bassiste estime que des pièces comme Everytime et One ont particulièrement bénéficié de l’apport de Bob Rock.
  
« Je me souviens quand il nous a présenté les rough mixes d’Everytime... On était tellement excités ! C’était juste du pure tone ! C’était tellement frais ! »
  
Qui plus est, l’homme à la blonde crinière réalise ses tours de magie sonores tout en créant une atmosphère détendue autour de lui. « J’ai aimé son côté relaxe. Il ne te poussera jamais à faire quelque chose que tu n’aimes pas. Personnellement, il m’a rendu à l’aise à chanter. Avant, je n’aimais pas ça. Mais avec lui, je n’étais pas nerveux. Son approche est tellement naturelle ! Juste l’ambiance qu’il crée... On travaille sans aucun stress. C’est probablement ça, sa plus grande qualité. »
  
Aux yeux du bassiste, le point marquant de la carrière de Bob Rock demeurera toutefois l’« album noir » de Metallica (l’éponyme de 1991).
  
« D’abord, c’est un album important dans ma vie. C’est avec cet album-là que j’ai appris à jouer de la guitare. Je me souviens d’une fois, en studio, où je suis arrivé pas tellement réveillé... Bob m’a dit : “Tiens, je vais te faire écouter quelque chose qui devrait te secouer un peu...” Il m’a fait jouer les pistes de guitare de Sad But True ! Je capotais ! » se rappelle-t-il, conscient de sa chance d’avoir vécu pareil moment.

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